Saudade
Au Portugal, la saudade est un sentiment particulier. C’est la solitude des marins qui, partis depuis des mois, des années de chez eux, ont le mal du pays… qui est en même temps le mal de la terre ferme, le vertige de l’immensité océanique, le mal de mer…
Une nostalgie du temps passé et de ceux que l’on aime, du paradis perdu, de l’autre moitié de l’humanité, sa moitié immobile, femmes et enfants qui attendent le retour.
Mais tout cela existe-t-il encore ? Tout cela a-t-il jamais existé ?
Un déluge n’a-t-il pas englouti le monde pour laisser les marins dans leurs limbes océanes, bercés de liquide éternellement, de brumes en calmes plats, sans repère- espace infini- temps sans mesure.
La terre ferme n’est qu’un mirage parmi les autres, une légende qu’on se raconte…
La saudade imprègne l’âme portugaise à travers le fado et l’ombre des grandes caravelles, ombre portée de la séparation éternellement consommée entre l’homme et le monde.